Renforcement des capacités en modélisation des cultures pour faire progresser les systèmes alimentaires circulaires en Afrique australe
Une formation outille les chercheurs pour soutenir les petits exploitants avec une agriculture durable et adaptée au climat

Une nouvelle vague d’innovation agricole prend racine en Afrique australe, où des chercheurs sont désormais dotés de compétences avancées en modélisation des cultures pour soutenir les Systèmes Alimentaires Circulaires (CFS).
Afin de renforcer les outils d’aide à la décision pour les petits exploitants agricoles, un atelier intensif de formation de cinq jours s’est tenu du 17 au 21 mars 2025 à la station de recherche de l'ICRISAT Matopos à Bulawayo, au Zimbabwe.
Organisé par l’Institut International de Recherche sur les Cultures des Zones Tropicales Semi-Arides (ICRISAT), l’atelier a réuni neuf chercheurs venus du Mozambique, de Tanzanie et du Zimbabwe – pour la plupart des utilisateurs débutants – désireux d’explorer des solutions fondées sur les données pour une agriculture intelligente face au climat.
Sous le thème « Renforcer l’expertise dans le modèle APSIM et son application aux systèmes alimentaires circulaires en Afrique australe », les participants ont été formés à l’utilisation du simulateur APSIM (Agricultural Production Systems Simulator), l’une des principales plateformes de modélisation mondiale pour simuler les processus biophysiques dans les systèmes agricoles.
" À l’ICRISAT, nous nous engageons à équiper les chercheurs avec des outils de simulation de pointe afin de générer des solutions adaptées au climat. Le renforcement des capacités en modélisation des cultures est essentiel pour soutenir les petits exploitants agricoles, faire progresser les systèmes alimentaires circulaires et bâtir des écosystèmes agricoles durables et résilients à travers l’Afrique australe ", a déclaré le Dr Himanshu Pathak, Directeur Général de l’ICRISAT.
La formation a été animée par le Dr Folorunso Akinseye, chercheur sénior – Agronomie et Agroclimatologie à l’ICRISAT, et le Dr Emanuel Jacob de l’Institut International de Recherche sur l’Élevage (ILRI). Ensemble, ils ont offert une expérience pratique en utilisant des outils liés à la productivité culture-eau et au climat, montrant comment ces systèmes peuvent aider les petits exploitants à optimiser leur productivité tout en conservant les ressources.
Au cœur de la formation se trouvait l’application du modèle APSIM qui permet d'analyser comment l’adoption des pratiques CFS peut accroître la productivité et la rentabilité sans augmenter sensiblement la consommation d’eau dans les systèmes agricoles à petite échelle.
Les Systèmes Alimentaires Circulaires mettent l’accent sur le recyclage et la réutilisation des nutriments et de la matière organique au sein des écosystèmes agricoles, contribuant ainsi à la résilience climatique et à la réduction des impacts environnementaux.

" Cette initiative reflète l’engagement de l’ICRISAT à renforcer les capacités à travers l’Afrique, en dotant les chercheurs d’outils de pointe pour une agriculture durable et adaptée au climat. En développant l’expertise en modélisation, nous permettons à nos partenaires de proposer des solutions percutantes qui renforcent la résilience des petits exploitants, augmentent la productivité et favorisent la sécurité alimentaire sur l’ensemble du continent ", a déclaré le Dr Rebbie Harawa, Directrice du Programme Afrique de l’ICRISAT.
Les chercheurs ont exploré divers scénarios dans APSIM, y compris l’introduction de pratiques CFS telles que l’application de la fumure organique, l’amélioration de la structure du sol et l’utilisation de technologies de surveillance de l’eau et des nutriments du sol. Des modèles comparatifs ont été utilisés pour évaluer les différences entre les systèmes de production linéaire traditionnels et les exploitations intégrant les éléments CFS, avec un accent particulier sur l’efficacité de l’utilisation de l’eau et la résilience accrue face à la sécheresse.

L’atelier comprenait également des discussions thématiques sur l’intégration de plusieurs composantes de modélisation afin d’obtenir une analyse holistique des systèmes agricoles. Les participants ont quitté la formation avec une meilleure capacité à collecter et analyser les données agricoles, éléments essentiels pour conseiller les petits exploitants sur les pratiques susceptibles d’améliorer les rendements, la rentabilité et la durabilité.
Le projet CFS, dirigé par le Professeur Jamie Pittock de l’Université Nationale Australienne, vise à renforcer la résilience des petits exploitants face au changement climatique, à améliorer leurs moyens de subsistance et à réduire l’empreinte environnementale de l’agriculture.
" Donner aux petits exploitants les moyens d’adopter des pratiques agricoles résilientes face au climat est essentiel pour un avenir durable. Ce projet vise non seulement à renforcer leur résilience face au changement climatique, mais aussi à améliorer leurs conditions de vie et à réduire l’impact environnemental de l’agriculture " , a déclaré le Prof. Pittock.
Cette formation devrait accélérer l’adoption de pratiques alimentaires circulaires et intelligentes face au climat en Afrique australe, en s’assurant que les chercheurs disposent des outils nécessaires pour favoriser l’innovation et influencer les politiques pour une transformation agricole durable à long terme.
Ce travail s’inscrit dans le cadre des Objectifs de Développement Durable (ODD) 2, 13 et 17.
Agathe Diama
Martin Muluka